Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Journal d'une femme de cendre

6 avril 2007

Expo : les nouveaux réalistes au Grand Palais

« Mes tableaux sont les cendres de mon art » Yves Klein

Les artistes des Trente glorieuses nommés par le critique d’Art Pierre Restany « les nouveaux réalistes » ont opéré, souvent de concert, du début des années 1950 à la fin des 1960.

Leur "Déclaration constitutive du Nouveau Réalisme" date du

27 octobre 19

60. L’exposition du Grand Palais propose de voir et revoir des œuvres de Yves Klein, Raymond Hains, Jacques Villeglé (qui a crée une brillante fresque d’ouverture pour l’occasion), Jean Tinguely, César, Arman, Daniel Spoerri, Martial Raysse, François Dufrêne, Mimo Rotella, Niki de Saint Phalle, Marcel Deschamps, et Christo.

Une exposition thématique

Riche et colorée, l’exposition s’étale selon certaines thématiques propre au Nouveau réalisme : les affiches lacérées et marouflées sur toile de Villeglé et Rotella (qui ne sont pas sans rappeler celles de Rauschenberg). L’obsession du geste et de l’empreinte, dans une esthétique qui touche à l’ « archéologie du présent » : en ce sens, voir la sublime Nikki de Saint-Phalle tirer au pistolet à peinture sur sa sculpture « La mort du patriarche » produit un effet beaucoup plus violent que d’observer l’œuvre immédiatement « fossilisée». Les machines à dessiner de Jean Tinguely sont dans l’art quand elles fonctionnent. Les dessins qui en résultent ne sont que des vestiges. Idem pour les toiles issues des pinceaux vivants aux formes girondes d’Yves Klein. Les action-spectacles font partie intégrante de l’art du groupe qui se produit à Nice en 1961, à Munich en 1963, et à Milan en 1970. L’exposition met bien en valeur leur dialogue avec Marcel Duchamp qu’ils tiennent pour leur maître dans le processus de désacralisation de l’art. Les tables de repas consommé posées à la verticale par Daniel Spoerri représentent bien ce côté dada : vouloir bouleverser l’ordre les valeurs. La destruction est donc au cœur de la démarche de groupe (destruction du phallus pour Nikki), et les restes de cette destruction sont conservés comme des reliques. Ainsi des fameuses compressions de déchets réalisées par Arman. Les nouveaux réalistes se mettent aussi à utiliser de nouveaux matériaux au cours de leur évolution : César découvre le polyuréthane, Raysse, la résine et Martial Raysse le néon. L’exposition se clôt sur  d'ailleurs sur son concept d’ « hygiène de la vision ».

Pop art et nouveau réalisme

Raysse est peut-être le plus « pop », c'est-à-dire le plus « américain » des nouveaux réalistes. En effet, traditionnellement, l'art pop serait cantonné à un côté de l'Atlantique, et le nouveau réalisme à l'autre. Mais on peut se demander si l’exposition parvient à faire réfléchir sur la ligne qui sépare l’art pop du nouveau réalisme. A première vue, aucune piste ne s’offre au visiteur. Quelques toiles américaines « pop » sont mêlées aux œuvres des artistes français, sans plus d’explications. Or ce n’est peut-être pas tant dans les sculptures que dans les installations sonores que s’ébauche un début de réponse. Rappelez-vous, l’expo « Les années pop » à Beaubourg irradiait les oreilles des visiteurs de sonorités sucrées : Beach boys et Beatles en boucle. Or, dans l’exposition sur les nouveaux réalistes, le son oscille entre la musique concrète de Pierre Schaeffer (c’est-à-dire non pas la musique pop, mais l’avant-garde) et la voix veloutée et folle de Mimo Rotella s’adonnant à de la récitation dada à l’entrée et dans la cage d’escalier. Les nouveaux réalistes ne jouent pas tellement avec les clichés de l’art populaire et de la pub. Leur œuvre est certes joyeuses, révolutionnaire et très « vent frais ». Mais cette fraîcheur repose sur un véritable palimpseste de références à l’Histoire de l’Art et accomplit une longue réflexion sur le statut de l’œuvre dans la société.

A voir absolument, pour les pièces majeures exposées, et pour la réflexion que l’exposition – aussi enjouée soit-elle- suscite.

Jusqu’au 2 juillet, tljs sauf mardi, de

à

mercredi jusqu’à

Grand Palais, 3, avenue du Général-Eisenhower, Paris 8 e, 10 euros (TR 8 euros).

Publicité
Publicité
Journal d'une femme de cendre
  • Journaliste nocturne depuis bientôt deux ans (www.en3mots.com), j'avais du abandonner mes carnets d'encre et de papier moiré, pour des esquisses impersonnelles et efficaces. Peut-être ce blog " blind and fog" sera-t-il l'occasion de renouer avec l'impudeur
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Publicité